Avant-propos

Du croisement des influences, où naît l’inspiration…

J’ai longtemps joué avec un groupe de mes plus proches amis, à un jeu de cartes à collectionner très populaire à l’époque, qui s’intitulait Legend of the Five Rings (L5R). Le jeu rencontrait un tel succès qu’il avait été décliné en un jeu de rôles, basé sur le même univers médiéval-fantastique japonisant.

Un groupe de joueurs de ce jeu de rôles, qui n’avaient plus le temps de se retrouver pour jouer à leur jeu (un phénomène malheureusement classique lorsque les joueurs quittent les heureuses années de la scolarité pour une vie professionnelle ou familiale plus prenante), avait créé une sorte de jeu de stratégie-diplomatie qui se jouait par l’intermédiaire d’un forum (au début des années 2000 une part importante de l’activité ludique sur Internet tournait autour des forums), et qu’ils avaient baptisé L5RStrat.

J’ai eu la chance de rejoindre ce groupe de joueurs un peu par hasard, et je me suis pris de passion pour le concept : au cours des 6 ou 7 années qui ont suivi (une histoire, ou « campagne », durait une année) j’ai contribué avec d’autres joueurs à largement enrichir le jeu sous tous ses aspects (stratégie, diplomatie, profondeur de l’implication des joueurs, complexité de l’histoire des personnages et de l’intrigue,…).

L5RStrat a à son tour inspiré l’un des joueurs, qui souhaitait décliner le concept dans un monde médiéval-fantastique plus traditionnel, mêlant essentiellement des inspirations venues du Seigneur des Anneaux (J.R.R. Tolkien), et du Trône de Fer de George R.R. Martin, et qu’il avait baptisé Le Trône d’Acier.

Les deux jeux ont coexisté un temps avant de disparaître tour à tour : le jeu était devenu tellement riche, qu’il exigeait de ceux qui l’animaient une disponibilité que plus aucun joueur n’avait le temps d’offrir à la communauté.

Ironiquement, c’est à cette époque que s’est ouverte une (courte) fenêtre de temps, pendant laquelle plusieurs de mes amis (dont ma moitié, ce qui était sans doute un prérequis indispensable) se sont déclarés intéressés par l’idée de reprendre le bon vieux jeu de rôles sur table (celui que nous avions tous abandonnés une dizaine d’années plus tôt, cf le début de ce récit).

Je leur ai alors proposé de leur faire jouer une campagne (une série de scénarios) dans l’univers du Trône de Fer (qui à son tour commençait à rencontrer un tel succès qu’il avait eu droit à sa déclinaison en jeu de rôles, et même en série).

Le-Trone-de-Fer-JDRPour peupler le monde de ma campagne, j’ai eu recours à une ruse pragmatique : j’ai convoqué toute une foule des personnages autour desquels avaient tourné les intrigues de nos parties du Trône d’Acier, et qui constituaient autant de protagonistes, dotés d’une véritable personnalité, détaillés et hauts en couleur. J’ai aussi « recyclé » une intrigue que j’avais inventée pour construire la maison que j’avais jouée au cours d’une campagne du jeu en ligne.

J’étais très content de mon scénario. Nourrie de toutes ces années d’écriture et de situations de jeu (ainsi que de mes lectures, mais il s’agit là d’une influence plus traditionnelle), je pense que c’était l’une des meilleures intrigues que j’ai écrites, avec la cohorte de personnages la plus riche et intéressante que j’aie jamais produite.

Ce premier scénario m’a donné le souffle pour concevoir une série d’autres histoires, qui auraient constitué ensemble une sorte d’épopée, et qui aurait dû nous procurer, à mes joueurs et à moi, de nombreuses heures de plaisir de jeu.

Comme tant d’autres campagnes de jeu de rôles malheureusement, l’aventure s’est arrêtée en cours de route, lorsque le miracle de la disponibilité simultanée de tous les joueurs, un jour par mois, n’a plus été possible…

Je pense que mes joueurs s’en sont remis à peu près aussitôt.

Pour eux, après tout, ce n’était qu’une histoire parmi d’autres, et ils ne manquaient clairement pas d’activités pour occuper leur temps et leur esprit.

Mais pour moi, cette aventure était en quelque sorte le condensé de certains de mes plus importants plaisirs ludiques de ces dernières années. J’avais été fier de pouvoir proposer un théâtre riche de plusieurs dizaines de personnages, et qui m’était familier jusqu’au dernier de ses rôles secondaires. Tourner la page revenait à abandonner tout ce pan de mon histoire personnelle, ces personnages qui m’étaient chers, ce qui, forcément, était source de déception.

Après quelques années à simplement regretter l’avortement du projet, la situation professionnelle de ma compagne m’a soudain fourni une occasion inattendue de redonner vie à mon histoire.

Du fait que, pendant plusieurs années, j’allais devoir effectuer des trajets en train hebdomadaires pour rejoindre la femme de ma vie en province, je me trouvais en situation de pouvoir me consacrer assidûment à l’écriture, au cours de rendez-vous réguliers, ce qui est le plus dur à organiser quand on n’est pas écrivain professionnel. Lorsque j’étais plus jeune, j’avais déjà écrit de courtes histoires, des nouvelles, des débuts de romans. Je n’avais jamais eu la persévérance d’aller au-delà d’une quarantaine de pages (ma plus longue histoire jusque-là, dont j’étais déjà fier !).

J’ai donc repris mon univers, mon intrigue, et mes personnages. Je leur ai redonné vie, pour raconter une nouvelle fois cette histoire, telle que je l’avais imaginée à l’origine, et telle qu’elle avait été affectée par les personnalités et les initiatives des joueurs auxquels je l’avais fait vivre.

Et je suis allé jusqu’au bout -du moins pour cette première histoire- ce dont je suis également fier, parce que c’est l’aboutissement de mon projet le plus ambitieux en matière d’écriture.

J’espère que vous prendrez maintenant autant de plaisir à lire cette histoire que j’en ai eu à l’inventer, la faire jouer, puis à la raconter de nouveau, sous cette nouvelle forme !

 

15 commentaires sur “Avant-propos

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  1. Merci ! Alors juste pour situer, pour l’instant j’ai tout le premier livre d’écrit, mais je suis en phase de relecture. J’essaye de viser la publication du premier chapitre début septembre, et de feuilletonner tous les trois jours. rendez-vous très bientôt donc. Une question, quand même : Léon de Griffes, c’est un copain de longue date, mais Thomas, est-ce que tu peux me raconter comment est-ce que tu es tombé sur ce blog ?

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  2. Rien de particulièrement original : je suis sur WordPress également et je suis le tag #jdr dans mon lecteur. Et les blogs de rôlistes ne sont pas si nombreux, donc la lecture ne me prend pas des heures. En plus parfois j’ai le plaisir de tomber sur une perle comme ton article.

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  3. Hé bien c’est une bonne surprise ! 🙂 J’espère que d’autres lecteurs inattendus découvriront comme toi le blog sans l’avoir cherché, et que l’histoire plaira suffisamment à chacun pour lui donner envie de revenir… Et merci pour le commentaire ! 🙂

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  4. Je trouve admirable ton idée et c’est avec plaisir que je retrouverai sous ta plume tous ces personnages qui nous ont occupé un petit moment. Bravo!
    Thyrgien

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    1. Tu es en quelque sorte à la base de tout ça, puisque sans toi, pas de Trône d’Acier, donc pas de personnages pour mon scénario de JdR, donc pas d’histoire à raconter… Un grand merci ! 😉

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  5. Mon cher Stef,

    Je me souviens de la toute première partie de l5rstrat qu j ai joué et où nous étions dans le même clan. On avait même réussi à gagner cette partie. C est avec plaisir que je suivrais ton roman car j ai participé également aux Thrones d acier dont le premier perso mort si j ai bonne mémoire. Si tu fais renaître les singh, j en serais très content.

    Bonne chance

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  6. @Bayushi Kenjiro : les Singh ne réapparaitront pas dès cette première histoire, mais j’avais bien prévu de les faire réapparaître dans la troisième aventure (que je n’aurai finalement pas pu faire jouer à mes joueurs…). Peut-être que j’arriverai à écrire jusque là !

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  7. Ah que de bon souvenirs ! Dire que mes conneries ont contaminé tant de gens… N’oubliez jamais,

    SINGH IS KING o/ o/ o/
    SINGH IS KING \o \o \o
    SINGH IS KING \o/ \o/ \o/

    Et que le boulet d’or (ne) soit (pas) avec toi ^^

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  8. J’imagine pouvoir placer les Al Kassir quand j’emmènerai mon petit monde à Dorne 😉 (dans la même histoire que les Singh en fait). Les Torque, ça me paraît plus compliqué, étant donnée la nature de la famille, sauf à en dénaturer l’esprit ce qui serait dommage…

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    1. Les Torques se rapprochent très fortement des Reed. Cela dit, je te souhaite tout le meilleur pour ton/tes romans car j’aurais un grand intérêt à les lire.

      Je ne doute pas une seconde que cela me rappellera pas mal de souvenirs

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  9. Wouh, ça fait plaisir d’avoir des nouvelles de toi Stef, et je lirais avec assiduité.

    Et coucou à Rémy aussi, ça fait un bail.

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